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Orientation sexuelle

Orientation sexuelle : à mort les tabous

Le Marais... Ça vous dit quelque chose ? Les queers ou les bears alors ?

L’argent rose peut-être ? Ou le gay pride sans doute ? Si aucun de ces mots ou expressions n’évoque en vous la moindre chose, c’est que la seule orientation sexuelle possible dans votre existence et votre entourage est l’hétérosexualité... Sortez de votre sommeil tranquille maintenant, la vie a bien changé !

Si vous croisez deux garçons dans la rue qui se tiennent la main, ne sortez pas votre cellulaire pour avertir les flics. Il s’agit d’un couple gay. Il ne vous feront aucun mal et ne sont pas contagieux, rassurez-vous. Ils vivent normalement, mangent des aliments semblables aux vôtres, habitent des appartements réglo dans la même ville que vous et travaillent peut-être dans la même entreprise que vous. Ne vous inquiétez pas davantage si le soir, en garant votre voiture, vous apercevez, au parking, deux femmes qui s’embrassent passionnément. Inutile de vous précipiter vers elles pour leur annoncer que vous pourriez leur rendre service avec votre sexe triomphant (si vous êtes un homme) ou de les attaquer avec votre sac à main Chanel (si vous êtes une femme). Ce couple de lesbiennes, totalement inoffensif pour vous, continuera sans doute son chemin pour ne pas vous exciter davantage ou susciter une colère qui ne serait la conséquence que de votre ignorance.

L’homosexualité existe depuis toujours. Qu’on se le dise ! Dans l’Antiquité, elle était même commune et faisait partie des mœurs gréco-romaines aussi bien que de celles d’autres peuples. Actuellement, elle s’affranchit des préjugés dans le monde et quelques pays la reconnaissent même dans l’acte du mariage civil. L’Afrique du Sud, la Belgique, le Canada, l’Espagne, les Pays-Bas ainsi que l’état du Massachusetts (États-Unis) sont parmi les pionniers en ce qui concerne l’approbation de l’union civile entre personnes de même sexe. La France, si elle ne reconnaît toujours pas le caractère légal du mariage gay, octroie toutefois à ces couples le régime du PACS, voté par le gouvernement Jospin en 1999, qui les protège à titre de conjoints de fait.

De façon réaliste, nous savons que l’homophobie, tout comme la xénophobie, limitera toujours une partie de la population, la restreignant à son univers confortable et sans ouverture. Mais grâce aux coming-out de certains modèles sociaux (Amélie Mauresmo, Catherine Lara, Jean-Claude Brialy, etc.), et peut-être aussi à cause de leur pouvoir économique grandissant, on ne voit plus les gays et lesbiennes comme des parias ou des anormaux. On les intègre peu à peu dans la vie quotidienne et ils s’affichent de plus en plus.

Ce signe d’une société en santé qui sait accepter les différences est peut-être une conséquence, par ailleurs, du nombre croissant d’individus qui se clament bisexuels. L’engouement pour les pratiques échangistes n’est sans doute pas étranger à ce phénomène. Dans l’univers des échangistes, les femmes se définissent pour la plupart comme bisexuelles, ce qui amène une ouverture d’esprit à ce sujet déjà à l’intérieur du couple hétérosexuel. Toutefois, il est important de souligner que le fait bisexuel est bien souvent l’étape qui précède le passage à l’homosexualité, aussi bien chez l’homme que chez la femme, quoiqu’il soit moins fréquent de la partie masculine.

Homosexualité et bisexualité ont donc fait de grands pas, socialement, depuis les dix dernières années. Passées de comportements passibles de peines d’emprisonnement à un statut de reconnaissance légale, ces orientations sexuelles différentes suscitent toutefois beaucoup de curiosité. Certains hétérosexuels craignent encore une forme de contagion alors que d’autres associent à tort l’homosexualité masculine à la pédophilie. Il y a de nombreuses lacunes à combler dans le discours social afin de faire comprendre aux personnes hétérosexuelles que rien ne les différencie dans leur vie de tous les jours des gays, lesbiennes et bisexuels qu’ils côtoient régulièrement sans le savoir. En France, la difficulté qu’éprouvent les homosexuels à s’assumer vient surtout d’une mentalité poussiéreuse, d’une pédanterie liée à tout le caractère superficiel que l’on accorde à l’image...

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