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Les faux mythes sexuels

Les faux mythes sexuels

Il fut une époque où les mythes sexuels les plus farfelus avaient cours dans les chaumières.

La simple idée que la masturbation pouvait assourdir celui qui la pratiquait relève d’une ignorance navrante. Que penser aussi de la crainte que l’on entretenait chez les jeunes filles en leur racontant qu’un seul baiser suffisait à les engrosser ? Alors que ces mythes loufoques étaient dictés par une morale catholique intransigeante, on assiste aujourd’hui à la naissance de mythes sexuels bien différents. Biaisés par une sexualité sans limites et sans repères, les nouveaux mythes, souvent véhiculés par la pornographie, valident des tendances qui n’en sont pas réellement. Ce qui rend l’individu moyen confus sur une ouverture d’esprit qu’il ne partage pas.

Parce que le discours sexuel est dorénavant libéralisé, que l’on peut aborder à peu près tous les sujets sans être taxé de perversion, le sujet de la sexualité est devenu une sorte d’enchère aux plus grandes provocations. On cherche désespérément à repousser les limites du corps et de l’esprit, on tente de créer de nouveaux standards toujours plus élevés, on veut se prouver à soi et aux autres qu’on ne recule devant aucune fantaisie sexuelle puisque toutes les expériences sont permises.

Ainsi, il n’est pas rare d’entendre certains hommes se vanter d’avoir fait jouir à plusieurs reprises une compagne qu’ils ont déflorée ou prétendre que leur femme ne veut plus d’autre rapport que par le biais de la sodomie. Or comme l’on pouvait s’y attendre, les nouveaux mythes encensent le côté pervers naturel de la femme, faisant d’elle une sorte de nymphomane qui a toujours envie de sexe, et de sexe non traditionnel.

Les forums regorgent de témoignages soi-disant féminins, évoquant les plaisirs extraordinaires de la sodomie et de la double pénétration, de l’exaltation ressentie au moment d’avaler du sperme, de l’incomparable sensation à recevoir des jets de sperme sur les seins et le visage. Le problème toutefois reste qu’en dehors des forums, des sondages racoleurs du net et des magazines branchés, la plupart des femmes interrogées à ce propos se disent mal à l’aise avec ces concepts. Les cabinets de sexologie sont remplis de femmes consultant pour leur inaptitude face à ce genre de pratiques.

On remarque donc un fossé entre la fiction et la réalité. Pressées par des affirmations qui prêchent une fausse idée de l’ouverture féminine, les femmes se sentent encore moins performantes au lit. Ces mythes erronés ne contribuent au fond qu’à éloigner un peu plus l’homme de la femme dans sa conception sexuelle. La sodomie, les doubles pénétrations ainsi que les éjaculations sur le corps de la partenaire sont, de façon générale, davantage vécus comme un signe de soumission de la part de la femme. Physiologiquement, rien de ces comportements ne stimule un point spécifique menant à l’orgasme, sauf dans le cas d’une double pénétration si le vagin est sollicité. Le plaisir sera alors motivé par une volonté psychologique de plaire. Or si cette volonté de se sacrifier au plaisir de l’autre est absente, la femme cherchera à éviter le contact sexuel et l’homme ne sera pas davantage satisfait.

Cela dit, le mythe de la sodomie présente une contradiction fort intéressante. La seule idée de se faire sodomiser pour un homme hétérosexuel est impensable. L’acte en soi est le signe d’une soumission et n’est acceptable qu’entre homosexuels. Le fait amusant dans l’histoire c’est que physiologiquement, la prostate de l’homme, laquelle correspond au mystérieux point G féminin en terme de plaisir, n’est accessible que par la voie anale. L’homme, peu importe son orientation sexuelle, connaît des plaisirs intenses par la stimulation de la prostate. On se demande alors comment il se fait qu’il se refuse à un plaisir de la sorte alors qu’il aimerait le faire subir à sa partenaire, qui, contrairement à lui, n’en retirera pas les mêmes jouissances.

Socialement, l’être humain reste toujours dans la représentation homme dominant / femme dominée quant à ses échanges sexuels. Et il se passera quelques décennies encore avant qu’on ne cesse de porter aux nues de faux mythes sexuels et que l’on pense enfin à satisfaire les besoins réels de chacun des sexes.

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