Pas facile d’expliquer aux uns comme aux autres que les filles, c’est d’abord dans la tête que naît le désir. Ou plutôt dans l’esprit, via le cœur, via les sentiments. Les garçons n’y comprennent que dalle et bien souvent, les filles leur semblent totalement inaptes au sexe.
Alors que l’homme vit sa sexualité par le biais de son corps et que ses désirs sont mus par son cerveau reptilien ou cerveau primitif, la femme répond d’abord aux stimuli de son cerveau mammalien (émotif) et de son néo-cortex (amour). L’apport du cerveau reptilien en matière de sexe n’intervient, bien souvent, que lorsque l’émotion la pousse au passage à l’acte. Pour se livrer, pour s’abandonner au plaisir charnel, la plupart du temps, la femme a besoin d’être en confiance. Son besoin de respect et de reconnaissance est une condition essentielle à son épanouissement sexuel. C’est pourquoi, de manière générale, elle se lance beaucoup moins rapidement que l’homme dans une relation physique.
Quoique la société ait bien changé et que la libération des mœurs mène les femmes sur le chemin de l’expression sexuelle plus facilement aujourd’hui, il reste que la dynamique amoureuse ou l’idéal amoureux de la femme ne change pas.
La sexualité féminine est un univers de fantasmes. Le désir se construit sur des mises en scène dont le sexe est le point final, le point culminant par lequel s’exprime l’amour. Or même si la femme s’ouvre à un échange sexuel avec un partenaire dont elle n’est pas amoureuse, son cerveau va tout de même mettre en scène le fantasme de l’amour afin que le plaisir physique soit ressenti. Tout passe par l’emballage, d’une certaine manière. Si la promesse semble attrayante, le fait sexuel lui-même peut être banal. Ce sera toujours le décor qui lui remémorera les frissons et les moments inoubliables. Le sexe aura pu être mauvais, mais le resto, les bougies, la romance, etc., auront été exceptionnels ! La performance de l’homme, au-delà de l’orgasme à pourvoir, se situe bien plus au niveau de l’ambiance à créer. Façonner autour de la femme une zone de confort et de sécurité qui la met en confiance, c’est susciter son désir, provoquer en elle l’envie de s’abandonner.
Cela dit, plus une femme prend de l’âge, plus elle parvient à s’écarter de l’idéal amoureux pour faire primer les besoins purement sexuels de son corps. Sa recherche du plaisir se situe davantage au niveau du cerveau primaire et de la satisfaction égoïste qu’elle peut en retirer.
Ce phénomène explique peut-être l’engouement des jeunes hommes pour les femmes d’âge mûr. Alors que le couple mettant en rapport un homme mûr avec une jeune femme ne choquait plus personne, on assiste maintenant à un revirement de ce schéma. Le couple femme mûre et jeune homme connaît un essor fulgurant depuis quelques années. Serait-ce simpliste d’y voir la manifestation d’une entente sexuelle possible entre mâle et femelle grâce à cette différence d’âge ? L’intrépide jeunesse masculine ne peut-elle trouver un écho à sa soif de sexe que dans le "lâcher-prise" des tabous qu’apporte la maturité féminine ?
On ne sait trop encore quelle tournure prendront les constats sexuels dans les sociétés futures. On ignore également comment réagiront les femmes à force de libération sexuelle, de bien-être sexuel et, à la limite, d’égoïsme sexuel. Toutefois, l’on peut s’interroger sur le fait que de plus en plus d’hommes expriment également le désir d’asseoir leurs échanges physiques sur des sentiments autres que les pulsions provoquées par le cerveau reptilien. Peut-être sommes-nous en train d’assister à une véritable révolution de la sexualité, peut-être que les valeurs traditionnelles se modifient en fonction de nouvelles réalités socio-économiques. Enfin, l’homme se transforme peut-être lui aussi, petit à petit, affrontant chaque jour un univers un peu plus féminin, ce qui le mène inévitablement à le partager, à le comprendre. Ne désespérons pas, l’homme et la femme, si différent dans le sexe, se rejoindront sans doute un jour dans le merveilleux univers du cerveau mammalien...