Vous avez déjà éprouvé une sensation des plus érotiques à la seule vue d'une chaussure de votre amante ? La présence d'une paire de menotte ou d'un fouet provoque-t-elle dans votre esprit des images sensuelles et excitantes ? Caresser-vous les vêtements de votre bien-aimé(e) en son absence ? Choisir des courgettes au marché vous émeut-il ? Si oui, peut-être êtes-vous fétichiste !
Il n'y a pas de mal au fétichisme, pas plus qu'il ne s'agit d'une perversion sexuelle. Du moins lorsque l'acte ou la passion que le fétichisme engendre reste sans danger pour soi ou pour autrui. Le fétichisme est simplement une façon qu'à le cerveau de s'autoriser des désirs sexuels en passant par l'alibi de l'objet.
Directement lié à l'angoisse de la castration selon la théorie freudienne, le fétichisme permet à l'individu qui connaît un blocage sexuel, d'opérer un transfert de ses pulsions sexuelles via un objet domestique. Il pourrait également exprimer son fétichisme par le biais d'une partie du corps humain, une partie qu'il érotise pour qu'y naisse inévitablement son désir sexuel. Il est évident que le seul fait de devoir affubler un objet d'une charge érotique est le résultat d'un traumatisme au cours de la vie du sujet. Mais associer le désir à l'objet, qui devient alors le fétiche, afin de vivre une sexualité satisfaisante, ne porte préjudice à personne.
L'une des formes les plus fréquentes que prend le fétichisme est le port de l'uniforme. Le fantasme de l'uniforme est aussi fort chez l'homme que chez la femme. La charge érotique qu'il suggère est suffisante pour pousser le sujet à éprouver un désir puissant. Une autre manifestation du fétichisme bien connue est la chaussure, le pied, le mollet, les bottes, les bas filets, bref tout ce qui entoure la jambe féminine. La chaussure, plus spécialement, est porteuse d'une force érotique électrisante, si l'on tient compte de tout son côté suggestif. Son caractère pénétrable ainsi que les odeurs qui s'y incrustent, la dotent d'une symbolique difficilement comparable.
Les godemichés ont, depuis quelques années, la cote auprès des femmes en termes de fétichisme au féminin. Le culte de l'objet phallique prend des proportions croissantes. La femme, naturellement moins portée sur le transfert érotique via l'objet que le mâle, trouve le phallus synthétique avantageux à bien des égards. Il lui procure une excitation assurée, lui permet le fantasme tout en restant sous son contrôle, lui évite les rapports de force ou les risques de maladies et lui apporte la satisfaction sexuelle sans compromis.
Fruits et légumes participent également de l'univers fétiche féminin et masculin. Certaines femmes, pour qui le sexe mâle représente une menace, transposent leur désir de pénétration sur le végétal. Mais attention, nombre d'hommes y viennent également, intimidés à l'idée d'entrer dans un sex-shop pour faire l'acquisition d'un vibrateur ou autre phallus artificiel, ils remplacent leur désir de pénis par un objet phallique avec lequel ils expérimentent la pénétration anale. Cela dit, le désir de pénétration n'est pas forcément la manifestation d'une homosexualité latente, mais plutôt le désir de repousser les limites sexuelles et d'en explorer les possibilités. À ce compte, le désir de pénétration chez la femme via l'objet ne s'inscrit pas non plus dans une dynamique d'hétérosexualité. Elle est simplement l'expression du besoin de découvrir son corps.
Le fétichisme a donc un rôle important à jouer dans la mécanique sexuelle. Il s'impose comme substitut idéal lorsque l'individu ressent un malaise ou un empêchement vis-à-vis de l'épanouissement de sa sexualité. S'agit-il d'un phénomène normal et sans conséquences ou d'un dérèglement pervers ? On peut peut-être davantage parler de mécanisme de défense, avancé ou mis en place pour permettre à un sujet, choqué par une mauvaise expérience, de vivre une sexualité satisfaisante. Le fétichisme reste donc une fantaisie inoffensive qui ne peut pas nuire si elle est vécue dans le respect des autres.